"On s'attend à voir une maison mauvaise, séjour désagréable, lieu maudit. On trouve non pas un château, mais une petite habitation bourgeoise, garnie de clématities, d'aristoloches, de chèvrefeuilles et de vignes vierges, à l'ombre d'un des plus gros noyers du canton.

C'est qu'elle a bien changé depuis l'année 1223 où elle fut baptisée la Male Maison par Amaury V. On a défriché autour d'elle, on a comblé son étang appelé L'Etanchet, qui se prolongeait jusqu'à Marcilly quand il y avait ni le chemin de Gros Rouvre à Galluis qui commence non loin d'elle au hameau de la Surie. Une demeure toute fleurie a remplacé le domaine inhabitable, aux "terres aquatiques, sujettes aux eaux, dont les herbages sont exposés aux bêtes sauvages, noires ou fauves", que décrit un titre du XVI siècle.

Le ru de la Malmaison commence un peu plus haut qu'elle dans ces bois qu'on nomme Bois des Mesnuls. Il alimente sa pièce d'eau avant de descendre dans les prés de la Surie.

Fief qui appartient en 1230 à Guillaume sans Avoir, puis, en 1553, à Diane de Poitiers, chatelaine du chène Rogneux, avant de devenir la maison de plaisance de bourgeois parisiens, La Malmaison eut pour propriétaire un certain Jacquemer, marchand de peaux de lapins et chiffons à Gros Rouvre, qui prit en 1717, le titre seigneur.

L'histoire ne dit pas s'il s'affabula de la défroque d'un marquis, trouvé parmi ses marchandises. Mais on peut croire qu'il en aurait été capable."

Extrait de "Au Pays des Grenouilles bleues" de Pierre Lelong.